• Les îles du Salut, de l'enfer au paradis

    Au large de Kourou...

    Quand l'ancienne île des forçats devient un lieu d'évasion pour Guyanais en quête d'horizon...

     Salut ! Moi, c'est Nico ! 

    Avec mes jolis vêtements colorés, mon chapeau rigolo et ma paire de tong, je déambule dans les vestiges du bagne. Comme une flopée d'autres touristes, je suis arrivé libre sur un grand catamaran, pour passer un week-end au grand air. 

    Me voilà qui disparaîs à l'intérieur de l'ancien hôpital. A l'époque, ce grand bâtiment a du accueillir bon nombre d'éclopés, victimes des violences institutionnels. Quand les récalcitrants n'étaient pas tout bonnement donnés en pâture aux requins...

    Quand les empires coloniaux ne savaient que faire des agitateurs, la solution était vite vue. Un navire traversait l'Océan, avec un pourcentage de pertes autorisé au fond de la cale, direction Cayenne. Ou comment faire disparaître l'opposition, loin des yeux de la métropole, dans les contrées sauvages des colonies...

     

    Une île étrange, qui porte les stigmates de son passé carcéral. Au gré de ses pas, le visiteur découvre des vestiges d'un autre temps. La nature, partout, a repris ses droits sur les installations d'antan. Un mélange de mousse et d'acier, où les lianes s'entremêlent aux barreaux verticaux.

    Une machine à glace adossée au mur de l'imposant hôpital m'interpelle. Les conditions de travail des bagnards étaient épouvantables et les pauses rafraîchissantes ne leur étaient pas permises.

    Au programme, les activités n'avaient rien de ludique : casser des cailloux et les déplacer pour créer des chemins pavés, dédales de petits escaliers serpentant entre les demeures privées des exploitants. De manière paradoxale, le résultat de leurs travaux est joli à arpenter, nous qui marchons en homme libre là des milliers perdirent la vie.

     Et assise sur les décombres de cette troublante mémoire, mon regard vagabonde et s'abandonne sur les contours escarpés de l'île du Diable. 

    Celle là même qui fût la prison de Dreyfus ou la sombre histoire d'un homme victime d'un complot judiciaire. Il sera transporté sur cette île en 1894 et n'en sortira qu'en 1899, après 5 ans de réclusion totale. Il assume tant bien que mal sa peine dans une petite pièce de 16m², sous des températures infernales, sous alimenté et sans soins. 

     Pendant ce temps, les gardiens étaient logés dans de jolies maisons avec terrasse et jardin, en arrière plan. Un lotissement tranquille où nous avons passé la nuit en famille, accompagnés par de magnifiques iguanes.

     Mais trêve de cynisme, il est temps de réinjecter un peu de légèreté dans cette île, et dans cet article! Car la raison pour laquelle nous nous rendons en ces lieux, c'est bien pour l'évasion, paradoxalement.

    Se saouler d'horizon, si rare pour les habitants de la forêt que nous sommes.

    Se baigner dans des eaux cristallines, loin des remous saumâtres de notre cher Maroni.

     Regarder une tortue, dans sa remontée calme vers la surface; Une bouffée d'oxygène avant de retourner planer dans les profondeurs. 

    Souvenirs de Mayotte, où nous restions de longs moments à observer leurs déplacements paisibles, le dos en proie à un soleil de plomb.

     La quête systématique de l'agouti pour une denrée à se mettre sous la dent. De notre terrasse, ils glaneront quelques bouts de pastèques et de mangues.

    Nous réservons les bananes plantains pour nos frères primates. Ici, un capucin nous fait les yeux doux. Et semble nous inviter à découvrir son terrain de jeux, inépuisable réserves d'arbres entremêlés.

     

     

    Depuis toujours maîtres des lieux,

    les animaux continuent d'observer les hommes,

    du haut de leur inhumanité...

     


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